Agriculture. Innovation : Ils font pousser du thé près de Perpignan
Le pays catalan est une terre de nombreux savoir-faire. Agriculteurs, viticulteurs, apiculteurs et autres maraîchers cultivent depuis des décennies des produits emblématiques des Pyrénées-Orientales, qu’il s’agisse de vins, de miel et de multiples fruits et légumes telles que les cerises de Céret ou encore les pêches d’Ille-sur-Têt.
Maîtriser le produit de A à Z
Pour comprendre, il faut se rendre entre Saint-Cyprien et Alenya, c’est là que Rémi Guyonnet, chef des cultures de cette jeune start-up innovante, surveille au quotidien les 12 000 plants de thé et de café cultivés dans le sol limono-sableux des P.-O., et en passe d’être récoltés.
Spécialisée dans l’assemblage de thés et la torréfaction de café, Acapella et son responsable de projet Jean-Marc Sanchez ont, un jour, eu une idée, tenter de mettre en place des circuits courts pour ces produits historiquement cultivés en Amérique centrale et du Sud, en Afrique ou encore en Asie, comme l’explique ce dernier :
Mon grand-père était viticulteur. J’ai toujours connu la maîtrise du vin de A à Z, du raisin au produit fini. Avec le thé et le café, j’ai l’impression de ne pas maîtriser une bonne partie de la qualité du produit finalement. Puis j’ai beaucoup voyagé avant le Covid-19, en Asie, en Amérique centrale et du sud. J’ai vu des théiers, des caféiers, tout un tas de cultures, j’ai même acheté un hectare de cacao au Costa Rica… Puis est arrivée la pandémie, et je me suis demandé comment pouvait-on faire pour maîtriser sa culture et être un peu plus acteur dans la création de ces produits ?
« On fait beaucoup d’expérimentations »
Ingénieur agronome et spécialisé dans les micro-organismes, Jean-Marc Sanchez, suivi par son équipe, se lancent alors dans une expérimentation à grande échelle. Ils choisissent les Pyrénées-Orientales pour planter leurs théiers et caféiers. Mais au fond, est-il possible que du thé et du café puissent pousser en France et dans une région comme celle-ci ?
Protégés par des serres photovoltaïques, afin de ne pas subir les caprices du vent et les fortes chaleurs, les 12 000 plants semblent, pour l’heure, très bien se comporter. Même si Jean-Marc Sanchez préfère rester prudent. « On est une jeune entreprise innovante. Nous faisons de la recherche et développement et nous apprenions chaque jour. Pour l’instant, nous ne sommes pas sûrs d’arriver à notre objectif », précise-t-il.
Mais pour y parvenir, lui et Rémi Guyonnet, présent sur place, ont lancé un large panel de tests. « On a fait plusieurs hypothèses, on a essayé de comprendre ces plantes-là et de les adapter au mieux au terroir des Pyrénées-Orientales. On a planté plein de variétés différentes et on va regarder, au niveau génétique, les variétés qui s’adaptent le mieux au pays catalan », explique Jean-Marc Sanchez, avant de poursuivre :
« On teste aussi plusieurs densités de plantation. On plante à 30cm, 40cm, 80cm, etc… pour voir, là-encore, comment la plante se comporte. On fait beaucoup d’expérimentations, avec des amendements organiques aussi. On a mis les moyens pour que cela marche ».
Une récolte au printemps 2022
Et le résultat est enfin très proche : la récolte des premiers thés et graines de cafés, issue d’une agriculture biologique fallait-il encore le préciser, devrait intervenir au printemps 2022.
Si l’importation de ces cultures a déjà été essayée en France, en Bretagne mais aussi du côté de Saint-Gaudens (Haute-Garonne), jamais un processus d’une aussi grande ampleur et avec de tels moyens n’avait vu le jour dans l’Hexagone.
« On est sur la bonne voie, et on y croit. On espère y arriver en qualité, mais aussi en quantité pour pouvoir en vivre mais aussi pour proposer un produit accessible », conclut Jean-Marc Sanchez. D’ici quelques mois, du thé et du café 100% catalans pourraient ainsi voir le jour.